freediver with ear pain

Plongée: 2 méthodes pour ne plus se faire mal aux oreilles

On dit souvent : la plongée sous-marine, ça rend sourd !

En effet, beaucoup trop de plongeurs (professionnels notamment) finissent au fil des années par présenter des troubles plus ou moins prononcés de l’audition. Malheureusement lorsqu’ils s’en rendent compte il est généralement trop tard et parfois le seul remède est d’arrêter la plongée.

Et si ce n’était pas une fatalité ?

L’objet de ce document est de proposer quelques méthodes simples permettant au plongeur « lambda » d’apprendre à soulager ses tympans. Je suis moniteur de plongée sous-marine et d’apnée, mais je ne suis ni médecin ni OLR, et ne prétendrai évidemment pas me substituer à eux. Je ne m’adresse donc pas aux cas pathologiques mais au commun des mortels : si chaque plongeurs suivait ces quelques conseils, je suis convaincu que l’on réduirait drastiquement le nombre de plongeurs présentant des problèmes d’audition.

  • Méthode 1 (à la portée de tous) : Apprendre à jauger sa compensation
  • Méthode 2 (demande un peu plus de patience, mais le jeu en vaut la chandelle): Apprendre à compenser autrement

Méthode 1 : Apprendre à jauger sa compensation


Quelques très rares chanceux n’ont pas besoin de faire de mouvement particulier pour compense (en apnée, on appelle cela la BTV). Pour tous les autres, on vous a certainement appris à compenser en utilisant Vasalva (on souffle par le nez, comme si on voulait se moucher mais en se pinçant le nez).

Le problème est que l’on ne vous parle pas de modération. Pire, beaucoup de plongeurs sont convaincus que si la compensation ne passe pas, l’unique solution est de compenser plus fort. On assiste ainsi à des visages tordus, digne d’un concours de grimace, comme si leur nez était une trompette…

La première question à se poser est : l’intensité de ma compensation est-elle adaptée ?

Accessoires  requis: Dry gauge

Dry Gauge: utilisation

Le dry gauge est un accessoire, initialement inventé pour l’apnée, qui permet de mesurer, tout en restant dans son canapé, la pression que l’on exerce lorsque l’on compense. Son intérêt est donc double :

– découvrir si l’intensité de sa compensation est appropriée ou pas

-et si l’on compense trop fort, découvrir de quelle intensité on a réellement besoin et rendre ce nouveau geste instinctif afin de ne plus se faire mal.


Ma compensation est-elle appropriée ?

Le Dry Gauge est constitué d’un cadrant, mesurant une pression, relié par un flexible à un embout arrondi percé d’un trou.

Dry Bubbler-2 hands use

Placez cet embout contre une narine (le plus étanche possible) et bouchez l’autre narine à l’aide d’un doigt, comme sur la photo.

Une autre solution consiste à se pincer le nez (ou utiliser comme ici un pince nez d’apnée), et souffler par la bouche

Dry gauge et pince-nez: accessoires pour l'apnée

Soufflez dans l’embout, comme vous le feriez pour compenser, « sans réfléchir ». Vous sentirez d’ailleurs le « poc » dans les oreilles, signe que vous avez compensé. Au moment ou la compensation se fait, notez la valeur lue sur le cadran.

Il est important de faire cela de la manière la plus naturelle possible, sans réfléchir, afin de reproduire une compensation comme vous le feriez sous l’eau.

Quelle valeur avez-vous lu ?

  • Plus de 50mm de mercure? C’est beaucoup trop ! Nous verrons un peu plus bas comment réduire cette pression
  • 15 à 20 mm de mercure: bravo, vous êtes dans des valeurs très acceptables. Vous pouvez peut-être encore vous améliorer, mais c’est déjà très bien
  • 2-3mm de mercure: Il est fort probable que vous utilisez la BTV pour compenser? Si ce n’est pas le cas… pensez-y, car il semble que vous ayez des prédispositions!

Par chance il est possible, tout en restant sur Vasalva, d’apprendre simplement et rapidement à réduire cette pression.


Réduire l’intensité de ses compensations

Toujours à l’aide du Dry Gauge, il est possible d’apprendre à adapter la pression exercée à ce que l’on a réellement besoin.

Nous allons pour cela répéter la même opération, mais cette fois très progressivement. On commence en soufflant TRES doucement, et l’on augmente PETIT A PETIT la pression, jusqu’à sentir le « poc » dans les oreilles.

Quelle valeur avez-vous lu?

Il est fort probable que cette valeur soit inférieure à la précédente, confirmant par la même occasion que vous compensiez trop fort.

Répétez cet exercice 3-4 fois, en vous concentrant sur le ressenti dans les oreilles et en essayant de trouver la plus faible pression suffisant pour compenser. Puis laissez vos oreilles reposer


Automatiser ce nouveau geste

Les jours suivants, répéter ces deux exercices (5mn par jour suffisent!).

Le but est double :

-sur le premier exercice, vérifier si votre compensation « instinctive » évolue

-sur le second exercice, tâcher de l’améliorer encore.

En 5mn par jour, à raison de 3-4 fois par semaine, il y a fort à parier que vous constaterez rapidement une nette amélioration. Vos tympans vous diront merci !


Méthode 2: Apprendre à compenser autrement

Disons le franchement : Autant la première méthode permettait un gain significatif en peu d’effort, autant la seconde vous demandera un engagement personnel bien plus grand. Mais croyez-moi, le jeu en vaut la chandelle.

En effet, l’écrasante majorité des plongeurs sous-marins apprennent Vasalva pour compenser. C’est facile à apprendre et en général on ne va (malheureusement) pas chercher plus loin…

Pourtant vous protégeriez énormément vos tympans en apprenant une autre méthode de compensation : Frenzel. Cette seconde méthode, très largement utilisée par les apnéistes, est en effet beaucoup plus douce pour les tympans.

Remarque :les apnéistes utilisent parfois une 3ème méthode, dite Mouthfill. Cette méthode, très utile pour les apnéistes avancés, est inutile dans le cas présent, puisque le plongeur, contrairement à l’apnéiste, dispose d’air à volonté. Mieux vaut se concentrer uniquement sur Frenzel


Quelle est la différence entre Vasalva et Frenzel ?


Pour faire simple, lorsque l’on pratique Vasalva, on envoie directement de l’air des poumons aux tympans. On utilise donc le muscle du diaphragme, ainsi que les muscles inter-costaux (situés entre les côtes), qui sont des muscles puissants et par conséquent assez difficiles à moduler).

Vasalve: flux d'air

Lorsque l’on pratique Frenzel, on opérera en deux temps
1) on fait passer l’air des poumons aux joues
2) puis on ferme la glotte (sorte de porte située dans la gorge) et on utilise la langue comme un piston afin d’augmenter la pression dans la bouche, ce qui permet de compenser.


Pourquoi les apnéistes débutants apprennent-ils Frenzel?


Les apnéistes débutant en mer apprennent Frenzel parce que Vasalva, facile à apprendre pour un plongeur qui dispose d’air à volonté, ne permet pas à l’apnéiste de compenser au-delà de 8-10m. Frenzel, en revanche, permettra au commun des mortels de descendre à au moins 30m s’il est bien maitrisé.

Conclusion n°1 : Il est donc plus facile d’exercer exactement la pression souhaitée en utilisant Frenzel plutôt que Vasalva.


Comment apprendre Fenzel lorsque l’on est plongeurs

Tout d’abord, pour ceux qui se demandent s’il est possible de faire un Frenzel avec un détendeur dans la bouche : il est tout à fait possible de faire un Frenzel bouche ouverte. Le détendeur, même s’il ne facilite pas l’opération, n’est donc pas un frein.

Il n’existe malheureusement pas, à ma connaissance, de stage de compensation dédié à la plongée. Et c’est bien dommage ! Rien ne vous empêche, en revanche, de faire un stage d’initiation à l’apnée, voire un stage dédié à la compensation en apnée. Dans un cas comme dans l’autre, vous aborderez forcément les bases du Frenzel, et il sera facile de le transposer à un usage bouteille.

Une solution de contournement est d’apprendre Frenzel par vous même. Vous trouverez par exemple sur notre site les tutoriels suivants :

Compensation à sec pour l’apnée niveau débutant (1/2)

Compensation à sec pour l’apnée niveau débutant (2/2)


Vous pouvez partir sur cette base, puis reprendre les exercices avec un tuba en bouche (ou tout autre embout) afin de simuler la présence d’un détendeur.


En conclusion

Lorsqu’un plongeur apprend à compenser, il apprend en principe une seule méthode (Vasalva) et on ne lui parle jamais de modération. Le prix à payer peut être une baisse d’audition, voire une interdiction de continuer à plonger.

Pourtant, nous avons vu :

– qu’il existait une méthode alternative, Frenzel, dont l’apprentissage est lent mais vaut vraiment le coup

– et que, si l’on préfère rester sur Vasalva, on peut également apprendre à le modérer.

Pierre BOUTEILLON pour Deepway

https://deepway.fr

contact@deepway.fr

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2 Commentaires

  1. Aucun doute quant à l’intérêt de Frenzel même si par habitude je ne pratique que Valsalva cordialement ALAIN LE BORGNE

    1. Merci Alain. C’est là le but de cet article, justement. Il n’est pas facile de changer ses habitudes, mais prendre conscience qu’une alternative existe, c’est déjà un premier pas. Bises de ma part à tous les anciens du VVP. Pierre.

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