Apprendre la compensation à sec en Frenzel

Partie 2: Frenzel

Ce document est la suite de : « Compensation en apnée, entraînement à sec niveau débutant partie 1/2 : volumes et verrous »

Nous y avions vu que parmi les méthodes de compensation possibles (niveau débutant) :

• oublier Vasalva
• le BTV était une solution possible mais pas accessible à tout le Monde
• Frenzel est la solution à privilégier pour un débutant
• il est inutile de se pencher sur le Mouthfill tant que l’on n’est pas à l’aise à 30-35m
• (jusqu’à 30-40m)

Accessoires  requis

• Dry trainer ou Otovent (voir document précédent si vous ne connaissez pas)
• miroir (ou caméra d’un téléphone)

Vasalva versus Frenzel

La maneuvre de vasalva est très connue des plongeurs sous marins. C’est généralement la seule que l’on apprend en plongée sous marine car elle est facile à réaliser. Malheureusement cette facilité fait que  très peu de plongeur sous marin en apprennent une autre (pourquoi s’embêter puisque celle-ci fonctionne?)

Personellement je le regrette, car Vasalva est souvent employé de manière trop agressive. On a de l’air à pression ambiante à profusion dans les poumons et on en abuse. Résultat : trop de plongeurs professionnels finissent à moitié sourds. Il existe pourtant deux solutions :

• Apprendre Frenzel en plongée sous-marine
• ou au moins apprendre a doser beaucoup plus son Vasalva

En apnée, on ne dispose pas d’un détendeur (le truc dans la bouche) amenant de l’air ambiant à souhait. Résultat : en apnée, Vasalva ne permet pas d’aller à plus de 8-10m.

La solution est « simple » : apprendre Frenzel!

Comment compenser avec la méthode Frenzel ?

Contrairement à Vasalva, qui se fait directement des poumons aux oreilles, la méthode Frenzel se décompose en deux temps :

• Charge : Nez pincé, on déplace de l’air des poumons vers la bouche, puis on ferme la glotte.
• Compensation : Glotte fermée, voile du palais ouvert et nez pincé, on utilise la langue pour réduire le volume de la bouche, ce qui augmente la pression dans la cavité nasale et envoie de l’air dans l’oreille moyenne (via les trompes d’eutache)

Etape 1 : La charge N

On utilise généralement ce que l’on appelle la « charge N »:

Glotte fermée, nez pincé, remplir gentiment la bouche en prononçant le son « NEEEEEEEE » ou « NÉÉÉÉÉÉÉÉ ». Cela va ouvrir à peine la glotte, tout juste assez pour faire passer un peu d’air puis la refermer immédiatement.Ne pas hésiter à être sonore, car c’est l’air passant sur les cordes vocales qui produit ce son.

Remarque : contrairement à la charge M du Mouthfill (pour ceux qui connaissent), la charge N creuse les joues au lieu de les remplir. On récupère donc moins d’air, mais le but ici est de récupérer suffisamment d’air avec le moindre effort, et non de gonfler la bouche au maximum.

Exercice 1 :

• Remplissez partiellement ou complètement les poumons, pincer le nez
• Amenez de l’air des poumons vers la bouche, à l’aide d’une charge N. N’ayez pas peur d’être sonore : le ridicule ne tue pas (paraît-il!)
• Lâchez puis repincez le nez : l’air en surpression s’échappe
• Nouvelle charge N (sans reprendre d’air)
• Lâchez puis repincez le nez
• Etc jusqu’à vider les poumons

Répétez plusieurs fois l’exercice

Exercice 1B : idem, mais en gardant l’air 10s dans la bouche après chaque charge.

Exercice 1C : Si vous savez déjà faire un T lock (cf chapitre suivant !), refaites le même exercice mais bouche légèrement ouverte, la langue scellée sur les dents supérieures en T lock

Remarque : comme on le voit sur la photo, les joues sont légèrement creusées lors d’une charge N.

Etape 2 : La compensation

Le but est de contrôler la langue afin de réduire le volume de la bouche.

Pour Frenzel la compensation se fait à l’aide d’un mouvement de langue que l’on appelle le lock T.

• Si vous avez appris l’anglais, le mieux est de penser au son « TH » comme dans « thick »
• Sinon, prononcez « TÉ-TÉ-TÉ-TÉ-TÉ-TÉ » en écrasant bien la pointe de la langue sur les dents du dessus

Langue position neutre et en lock T.

Exercice 2 :

• répétez des séries de « THICK-THICK-THICK » ou «TÉ-TÉ-TÉ-TÉ-TÉ-TÉ », en prononçant ces sons
• refaites de même, devant un miroir, nez pincé, bouche ouverte, en essayant d’être étanche avec la langue sur les dents, et en envoyant très peu de pression.
  • aucun air de doit s’échapper malgré la bouche ouverte
  • On ne produit plus aucun son!
  • en se regardant dans le miroir, on doit constater deux petites bosses sur le nez, juste derrière vos doigts : cela signifie que la pression dans le nez a augmenté.

Exercice 2B : faites de même, mais un seul mouvement de langue, en appuyant progressivement un peu plus sur les dents. Vous devez finir par identifier un « poc » dans les oreilles : Victoire, vous avez compensé !

Inutile de forcer d’avantage. Cela ne doit pas être douloureux !

Entraînez vous régulièrement jusqu’à ce que cela devienne un automatisme. Vous devez chercher à ressentir et non conscientiser chaque action

Exercice 3 : Vous aurez besoin d’un dry trainer ou d’un otovent. Vous pouvez commander un dry trainer sur notre site ou rechercher un otovent en pharmacie ou sur Internet (voir le document précédent pour plus de détail sur la première utilisation)

Placez le ballon sur l’embout (entre les deux cannelures), puis :

• placez l’embout sur une narine, ballon dégonflé. Le contact sur la narine doit être étanche à l’air.
• obstruez l’autre narine avec un doigt
• Prenez une inspiration partielle ou complète
• gonflez un peu le ballon grâce à un Frenzel (vérou T, K ou H). Le ballon se redresse puis le gonfle un peu.

Remarques :

• si le ballon est trop raide, vous risquez de ne pas parvenir à le gonfler. Si c’est douloureux, n’insistez pas !
• L’intérêt de cet exercice par rapport au précédent est qu’il permet de « quantifier » l’efficacité de chaque lock (T, K, H) : Plus le ballon se gonfle et plus le lock est efficace

Exercice 4 : Une fois l’exercice précédent maîtrisé, si vous avez une piscine ou que vous êtes en club d’apnée, vous pouvez le refaire dans l’eau en position de « chauffe-souris » (mollets hors de la piscine, tête en bas avec le dos contre une paroi verticale de la piscine). L’intérêt est que l’on est dans l’eau, et la tête en bas (comme vous le serez en mer). Comme toujours en apnée, ne faites pas cet exercice seul ! Quelqu’un doit être à côté de vous, prêt à vous aider.